Le Projet.
Étudier le rapport homme-environnement afin de mieux comprendre les modes de vie, les croyances, les savoirs, les pratiques culturelles des communautés étudiées.
Financé par la Fondation de France, porté par le Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte (CUFR) et coordonné par Georgeta Stoica, le projet de recherche AQUAMARINE met à contribution des chercheurs issus de différentes disciplines (sciences de l’éducation, anthropologie, écologie, océanographie, biologie marine).
L’objectif du projet est d’étudier la plus-value, les leviers pour mettre en place les aires marines éducatives ainsi que les difficultés rencontrées par les enseignants, les associations, les élèves, la société civile pour mener à bien une aire marine éducative (AME).
Une attention particulière est accordée d’une part au rôle que joue une AME pour les élèves en tant que porteuse d’apprentissages (articulation des activités proposées pendant le temps scolaire avec les programmes scolaires, rôle et plus-value des associations, des interventions extérieurs, des partenaires impliqués dans le projet, rôle des institutions pour le projet, limites du dispositif des AME en termes d’apprentissage pour les élèves…) et d’autre part à la façon dont les enfants/élèves ainsi que la communauté locale perçoivent leur environnement et agissent sur lui afin de mieux comprendre les et leurs pratiques passées, actuelles et celles qu’ils envisagent pour le futur.
Le projet comprend trois actions qui sont censées analyser les mécanismes actuels de gestion des aires marines éducatives en mettant au centre les activités de sensibilisation, l’implication des élèves et le rapport homme-environnement.
« Tous co-responsables ! » Des éco-citoyens de demain
Action 1.1
Analyse approfondie des conditions de mises en place des aires marines éducatives à Mayotte et à l’île de La Réunion (réussite, échec, problèmes de gestion, enseignement-apprentissages) afin d‘en tirer un retour d’expérience utile aux futures AME.
Action 1.2
Des apprentissages et un dispositif original pour protéger l’environnement marin : L’Arbre à palabres du lagon.
Ce dispositif est différent du « conseil de la mer » des AME car il a pour objectif de permettre aux élèves d’observer le monde qui les entoure, de le questionner pour mieux le comprendre et au besoin agir sur lui en tant qu’acteurs de la société dans laquelle ils sont insérés.
Pour ce faire, il vise à encourager les élèves à s’interroger, à s’informer, à se documenter, à développer un regard argumenté et critique sur les problématiques liées à leur environnement proche et à proposer des solutions quand elles paraissent nécessaires et envisageables.
L’Arbre à palabres envisage les élèves non seulement comme des récepteurs de connaissances et de bonnes pratiques mais comme des acteurs de leur territoire qui ont des marges d’autonomie ; en termes de construction de connaissances, de savoirs et de compétences, qui leur permettent ou permettront d’agir de manière active et éclairée sur leur environnement proche.
Des thématiques comme la relation pauvreté–environnement, santé-bien-être, environnement-migration, patrimoine naturel-patrimoine culturel, la gestion des déchets, le réchauffement climatique, etc. seront abordés dans l’Arbre à palabres.
Action 1.3
En quoi les Aires Marines Éducatives permettent-elles de faire des Sciences à l’école ? Faire les programmes et apprendre autrement en classe grâce aux AME.
Mise en place d’une étude anthropologique sur les perceptions et les représentations des socio-écosystèmes coralliens, en lien avec le dispositif des AME.
Les questions suivantes seront à la base de cette étude :
• Quels types d’interactions existent entre les humains (communautés locales) et les non-humains (communautés de récifs coralliens) ? Quelle description pouvons-nous donner de ces « communautés hybrides » ? Quel avenir pouvons-nous imaginer pour elles ?
• Comment les acteurs sociaux locaux interprètent-ils et réagissent-ils aux nouvelles questions liées au changement rapide de l’environnement et aux règlementations mises en place ?
• Quelles sont les activités de sensibilisation à l’environnement et par l’environnement mises en place dans les trois sites d’études et quel est leur impact au niveau local ?
• De quelle façon les enfants peuvent-ils contribuer à la prise de décisions dans le cadre des AME ?
Les résultats de cette étude anthropologique seront présentés dans le cadre d’un atelier d’anthropologie.
Transfert du dispositif AME à Madagascar.
Suite aux échanges réalisés avec le partenaire local, l’ONG Bel Avenir, mais aussi dans la continuité des recherches réalisées précédemment à Madagascar (Stoica 2014, 2016), le projet AQUAMARINE 2.0 propose de transférer le dispositif « aire marine éducative » dans le sud-ouest de Madagascar.
L’AME sera mise en place à l’École des Salines, un établissement scolaire qui a vu le jour en 2003 dans un entrepôt de sel dans le quartier d’Ankalika à Tuléar dans le but de lutter contre le travail des enfants mineurs impliqués dans l’extraction du sel.
Les trois piliers de l’AME : connaitre la mer, vivre la mer et transmettre la mer seront à la base de ce transfert de dispositif qui permettra aux élèves de s’impliquer en tant qu’acteurs dans des activités qui portent sur les récifs coralliens de Tuléar.
Qu’est-ce qu’une aire marine éducative ?
Nées en 2012 aux Îles Marquises en Polynésie française, les AME représentent un dispositif qui vise la gestion participative d’une zone marine littorale par des élèves d’écoles primaires de cycle 3 (CM1, CM2) à la 3ème.
Dans ce dispositif, les acteurs principaux sont des enfants qui participent activement à des projets pédagogiques mis en place localement par les enseignants en lien avec les programmes nationaux dans le but de les éduquer à l’environnement marin et de les rendre responsables de leurs futures actions de préservation de la nature. Un élément essentiel de cette démarche est la rencontre entre ces enfants, leur enseignant et des professionnels de la mer, notamment des animateurs et membres associatifs de formation scientifique spécialistes des questions liées à la préservation du littoral et les élus où sont implantées les AME ; l’objectif de cette rencontre étant d’assurer la transmission de savoirs, de connaissances, de savoir-faire et de savoir-être aux prochaines générations que l’on peut qualifier dans ce projet d’éco-citoyens en herbe.
Dans le contexte de diffusion de ce dispositif original d’AME en France métropolitaine et en Outre-mer[1], le projet consolidé AQUAMARINE 2.0 vise à consolider les premières données acquises lors de la phase prospective d’AQUAMARINE 0.1.
[1] A noter qu’au départ, en 2016, huit écoles pilotes ont adhéré au projet AME en France métropolitaine et en Outre-mer. Actuellement, on compte plus de 250 projets AME dont la moitié ont été déjà labélisées.
Sites d’études.
L’objectif des recherches menées sur les trois sites d’étude du projet AQUAMARINE est de mieux comprendre les effets dans le temps de la mise en place des Aires marines éducatives (AME) et les conséquences de l’implication des élèves dans la gestion d’une petite zone maritime littorale.
Si la recherche anthropologique aidera à mieux comprendre et analyser le rapport homme-environnement et à prendre en considération le point de vue des différents acteurs impliqués dans les aires marines éducatives, celle en Sciences de l’éducation portera quant à elle sur l’entrée dans les apprentissages des élèves et le lien qui est fait par les enseignants entre les programmes scolaires et les activités AME réalisées Hors les murs de l’école.
Le dialogue entre les sciences humaines et sociales et les sciences de la nature est primordial afin de partager plusieurs méthodologies de recherche et réfléchir sur un objet de recherche commun : les aires marines éducatives.
Les trois sites d’études du projet AQUAMARINE: Mayotte, La Réunion, Madagascar (transfert du dispositif AME dans le sud-ouest à Toliara)